Allergie aux pollens: est-ce depuis la naissance?
On ne naît pas allergique, on le devient. Le fœtus est caractérisé par un statut immunitaire particulier, avec davantage de lymphocytes Th2 que de Th1 (voir encadré ci-dessous). Ce "profil" Th2 garantit la tolérance du fœtus par la femme enceinte, qui devrait normalement rejeter cette "greffe". Après la naissance, l'évolution se fait progressivement vers le profil Th1. Or chez les nourrissons atopiques, c'est-à-dire avec une prédisposition génétique à l'allergie, cette balance ne se produit pas. Mais ce "terrain" prédisposé ne suffit pas pour devenir allergique. Encore faut-il rencontrer des allergènes, ce qui ne se produira peut-être jamais.
Les lymphocytes Th (pour l'anglais T-helper), encore appelés lymphocytes auxiliaires, agissent comme des intermédiaires de la réponse immunitaire. Lorsqu'ils sont liés à certains antigènes pathogènes, ils prolifèrent pour activer des cellules cytotoxiques ou des anticorps agissant de manière plus directe sur la réponse, d'où leur autre nom de "cellules aides" des lymphocytes T. Les lymphocytes Th1 et Th2 ne produisent pas le même type de cellules.
Il apparaît que l'environnement in utero et celui de la petite enfance jouent un rôle majeur. Ainsi, la consommation de tabac chez la femme enceinte est un facteur d'augmentation des sensibilisations alimentaires chez le jeune enfant, chez lesquels on observe dans le sang du cordon ombilical un moindre taux de lymphocytes dits régulateurs (Tregs), qui inhibent l'inflammation causée par les lymphocytes Th2. Par ailleurs, l'inhalation lors des trois premières années de vie de la fumée de tabac de l'entourage serait aussi un facteur d'augmentation du risque d'allergie alimentaire
L’impact de la nutrition de la femme enceinte commence aussi à être étudié. Les résultats obtenus sont encore débattus, parfois controversés. On ne sait pas avec certitude si l’allaitement joue un rôle protecteur. Chez les mères atopiques, la césarienne semble augmenter le risque d’allergie alimentaire du nourrisson, chez lequel l’allergie au lait persiste de manière anormale. Cela pourrait être en rapport avec le fait que l’enfant né par césarienne a un intestin stérile, contrairement à celui né par voie vaginale dont le tube digestif est ensemencé par les bactéries présentes dans le vagin, riches en espèces protectrices. Par ailleurs, il ne semble pas que l’exposition aux animaux domestiques soit un facteur favorisant.